Roger Bélier, président du Snal sur BFM Business

roger bélier

QUELQUES EXTRAITS…

CLUB IMMO : LES CHIFFRES DE LA CONSTRUCTION SONT AU PLUS BAS. LA LOI ALUR PERMETTRA-T-ELLE DE CONSTRUIRE PLUS ET MIEUX ?

Roger Bélier : La loi Alur devrait permettre de construire davantage de logements que ceux que nous produisons aujourd’hui. Cependant, les résultats concrets et perceptibles de cette loi n’apparaitront qu’à moyen terme. En effet, les nouveaux plans locaux d’urbanisme intercommunaux doivent être mis en place avant la fin 2016, ce qui ne permet pas d’obtenir des effets immédiats. En attendant, à la lumière de nos indicateurs avancés qui anticipent les mises en chantiers de demain, les obtentions de permis de construire sont en retrait d’environ 15 % sur un an. Nous allons donc constater en 2014, une baisse de l’ouverture du nombre de logements  à la construction par rapport à 2013.

COMMENT INVERSER LA TENDANCE ?

Tout d’abord, en redonnant de la confiance aux ménages. En priorité, aux primo-accédants car ce sont eux  qui constituent le socle durable sur lequel nous allons pouvoir relancer le logement dans notre pays. Pour cela, Il faudrait étendre l’extension de l’amortissement différé du Prêt à taux zéro dans le neuf. Cela permettrait aux jeunes ménages de se constituer un apport personnel  pour acheter un premier logement. En 2013, il y avait 80 000 prêts à taux zéro « budgétés » au niveau de la loi de finance. Au 31 décembre 2013,  il n’y en a eu que 36 000. Les acquéreurs potentiels n’avaient pas les moyens de se constituer un apport personnel. En élargissant aux trois premières tranches le PTZ +, l’effet de levier serait immédiat et nous pourrions construire plusieurs dizaine de milliers de logements supplémentaires.

COMMENT AGIR SUR LES COÛTS DU LOGEMENT ?

Le prix d’un logement est déterminé par deux grandes composantes : le coût de foncier et le coût de la construction. Aujourd’hui en France,  le foncier est rare mais trop cher.  Autour de lui, s’est constitué depuis des années, un carcan fiscal et administratif. Les terrains constructibles sont peu nombreux et très chers. Pour faire baisser le coût du foncier, il faut en mettre davantage sur le marché. Cela fera baisser son coût et par voie de conséquence le prix des logements.  Il faut inverser le principe de taxation de plus-value lorsque le propriétaire vend son terrain à un opérateur qui souhaite réaliser des logements.

QUELS SONT LES PRINCIPAUX ENSEIGNEMENTS DE VOTRE ÉTUDE SUR LE FONCIER ET LE LOGEMENT MENÉE AVEC L’UMF ? (UNION DES MAISONS FRANÇAISES)

Les aménageurs  ne sont pas de consommateurs d’espaces mais plutôt des utilisateurs.  On nous a reproché « d’artificialiser » un département tous les 7 ans. Selon l’étude confiée à l’expert Olivier Piron, sur les 10 dernières années,  on utilise 14 000 hectares par an pour faire du logement. Cela représente 1/30ème de la surface moyenne d’un logement.  Cela correspond à un département tous les 30 ans.   Par ailleurs, en 10 ans, la population française a augmenté de 4, 4 % tandis que les terrains réservés au logement n’ont été consommé qu’à hauteur de 1, 9 %.  En Europe, la croissance de la population a été de 2, 9 %, et l’utilisation d’espace pour construire du logement a été 2, 1%. Dans le domaine, et par rapport à nos voisins européens, la France est le bon élève de la classe.

 

3 mars 2014